Poème sifflé
Traduction occitane sifflée (Aas)
Interprétation réalisée par Laurent Disnard, membre du "Siular d'Aas".
Merci à Philippe Biu, qui dispense un enseignement de langage sifflé
dans le cadre prestigieux de son cours d'occitan à l'Université de Pau.
Pau a la seule Université d'Europe où l'on enseigne la langue sifflée.

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Langue sifflée d'Aas
Voici à la manière des siffleurs d'Aas (par Laurent Disnard, membre du "Siular d'Aas"), l'interprétation sifflée de la version occitane de mon poème.
Si à Aas l'on fait revivre ce mode d'extension voire d'expression linguistique, en l'enseignant dans les écoles et à Pau à l'université, il est à noter que ce renouveau s'appuie sur les enregistrements que l'on possédait, ajoutés des procédures apprises à la Gomera.
C'est René-Guy Busnel qui en 1950 a commencé à étudier le langage sifflé à Aas, un village de montagne, tout près de la ville de Laruns en Bearn. Les plus anciens se souviennent, que jeunes, tous savaient siffler, et que pour eux c'était un jeu entre enfants. Il a fallut attendre 2006, avec la création du Siular d’Aas, pour qu'on commence à ressusciter ce trésor. La suite est allée d'elle même ... entrée du langage sifflé à l'école et à l'université.
Quelle chance ont ces enfants de Laruns, de pouvoir suivre cet enseignement. Apprendre à siffler sans un enseignement aussi poussé, fait partie du développement de chaque enfant. Tous après avoir appris à marcher, à parler, un jour nous avons découvert que nous pouvions siffler ... et ces techniques de sifflements certains d'entre nous les ont développés plus que d'autres.
Plus qu'avec l'amour, le sifflement a aussi curieusement un rapport avec le désir et la séduction. Adolescent et jeune adulte on siffle les filles. Des sifflements pour marquer sa bravoure vis à vis des autres, son admiration et son intérêt, pour celle que l'on siffle.
Cette façon de faire est sûrement plus pudique qu'avec l'emploi des mots, même si paradoxalement elle semble plus grossière, plus affichée. Le sifflement ne porte sans doute pas la même réalité qu'un mot chez des humains quand ils ne le pratique pas au quotidien. La réalité ne s'intègre qu'avec une confrontation régulière.
Quelques informations
"Les limites de la langue sifflée sont les énoncés trop incongrus. En effet il n'est pas possible de siffler tous les phonèmes de la langue parlée. Un même phonème sifflé peut représenter plusieurs phonèmes de la langue parlée (surtout les consonnes) engendrant des homonymies préjudiciables à la compréhension.
C'est donc le contexte qui éclaire le sens des mots. Si ce contexte n'est pas logique, le destinataire risque d'être trop dérouté pour bien comprendre le message. Ainsi il sera très difficile voire impossible de comprendre une phrase du type : "J'ai deux harengs verts qui nagent dans mon évier". En revanche "J'ai pêché ce matin deux truites dans le gave, je les ai mangées accompagnées d'un verre de Jurançon avec Pierre" est une phrase aisément compréhensible." (Philippe Biu)