Poème d'amour maya

Une idée de la prononciation
Ti-ne'(e)n
A-baah ti-ne'(e)n (u)y-uts-il in-woj-ool
Che'en chiich-kun aw-ok
Tumen bin tup-aan (u)y-ich
Tumen u-paach in-k'aat-eech
Jean-Michel Hoppan (chercheur au cnrs), enseignant à l'Inalco: "Epigraphie maya"
Littéralement:
Ton image dans (le) miroir
(c'est) mon meilleur texte
Car son visage va s'éteindre
Car (c'est) la chose finale de “je te veux”

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Glyphes maya, langue & littérature
Vous apprécierez tout l'inédit de ce joli poème d'amour en maya classique (ch'olti' classique, langue maya épigraphique). C'est très certainement, le premier poème au monde, à être traduit, dans le mystère d'aussi jolis glyphes! Jean-Michel Hoppan Ingénieur d'études au CNRS-CELIA, l'UMR 8133 spécialiste français de l'écriture Maya, a fait cette jolie version du poème en maya ancien. Pour quelqu'un ne sachant lire ces glyphes vous trouverez ci-dessus leur translittération en caractères latins. Les traits d'union sont là pour mettre en évidence dans chaque mot le découpage entre les racines et leurs affixes, Les voyelles entre parenthèses étant elles sujettes à amuïssement.
Les glyphes mayas représentent l'une des énigmes les plus fascinante de l'analyse linguistique depuis que Champollion commença à déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens avec la pierre de Rosette. Les Mayas avaient un système très élaboré à base de glyphes que l'on peut observer sur les monuments de leur vaste empire. Il s'agit et de loin du système le plus sophistiqué de l'Amérique pré colombienne, et bien que les linguistes aient une idée de la manière dont ils se combinent, ils ne sont pas encore totalement déchiffrés.
Leur déchiffrement a pendant longtemps été retardé car on les imaginait comme des pictogrammes sans valeur phonétique, et ce malgré la preuve fournie assez tôt par des missionnaires espagnols, qu'ils reposaient sur de la phonétique.
En fait les glyphes mayas sont un syllabaire extrêmement complexe, formé par combinaison d'idéographes, signes phonétiques, ainsi que de sortes de rébus écrits, dans lesquels un idéographe est utilisé pour représenter un autre mot ayant la même prononciation. Imaginez par exemple que nous prenions la représentation d'un homme qui en tue un autre pour représenter l'article "tu". Les premiers glyphes à avoir été déchiffrés sont en rapport avec le calendrier et l'astronomie, ensuite de gros progrès ont été faits pour révéler le reste du système. On considère qu'actuellement 85% des glyphes sont connus.
A beaucoup d'égards on peut rapprocher le système d'écriture maya, à celui des Égyptiens de l'antiquité. Si les glyphes ont une signification propre, ils pouvaient aussi être utilisés pour leur valeur phonétique. On estime à 8 000 le nombre de ces glyphes fonctionnant sur le mode du rébus, les symboles pouvant être compactés entre eux et tronqués.
Parler de littérature maya en général, n'est pas aisé, en raison du nombre de langues concernées. Les quelques codex mayas conservés, ainsi que bon nombre d'inscriptions, n'ont pas livré tous leurs secrets. La connaissance de cette littérature maya débutera avec les missionnaires espagnols qui au contact des indigènes, l'ont transcrite en caractères latins. Diego de Landa dans "Relacion de las cosas de Yucatan" fournit une foultitudes d'informations historiques et ethnographiques de 1er intérêt.
Il faut aussi parler du livre sacré des Mayas "Popul Vuh", qui raconte la création du monde, l'histoire, les traditions des Mayas et leur fabuleuse généalogie, dans une langue d'une rare poésie. C'est un exemple de littérature amérindienne qui a survécu au temps. Il à d'abord été mis en écrit au milieu du XVIe siècle. Le Rabinal Achi qui est un drame mélangeant sacré et guerrier, raconte le sacrifice à valeur magique d'un prisonnier. Il n'a été retranscrit qu'en 1850, d'après la tradition orale. Le Chilam-Balam, lui, est à teneur mythologique et prophétique, riche d'enseignements historiques et religieux. Les "Annales de los Cakchiqueles", racontent l'origine, du monde, et du peuple des Mayas-Cakchiquels. On connaît également des textes mayas à caractères religieux, magiques et médicaux.
Le maya
Le nom Maya, vient du maïs, la culture à la base de la nourriture principale des Mayas .... Quant à la langue, le maya, c'est la famille de langue la plus diversifiée et la plus nombreuse d'Amérique centrale (24 langues). A l'époque moderne, celle que l'on nomme encore maya est le yucatèque ... citons aussi le mam, le quel, le ketchi, le huaxtèque.
On situe les 1er villages d'agriculteurs mayas dans la période préclassique qui durera 2 millénaires jusqu'en l'an 250. C'est à la fin du préclassique à partir de -300 qu'apparaissent les 1ères pyramides accompagnés d'un style de sculpture, ainsi que les poteries peintes polychromes et des voûtes à encorbellement.
La période classique (250-950), est celle où les Mayas atteignent leur plein épanouissement, particulièrement dans la région centre (basses terres du Peten du Guatemala), et dans la zone sud (hautes terres du Guatemala et du Chiapas), occupée par des gens venus de Teotihuacan. Dans la zone nord (Yucatan) on constate un grand développement architectural. Puis la civilisation maya commence à décliner, sans que l'on ait de véritables explications: épuisement des terres lié à la densité de la population, guerres entre cités, invasions?
A la période post classique (950-1500), les Toltèques venus de la vallée de Mexico, seront à l'origine d'une renaissance de la péninsule, avant qu'elle ne retombe dans une anarchie dominée par des guerres. Après la conquête espagnole, la partie centrale de l'aire maya devient le refuge des fuyards. Aujourd'hui, les descendants des Mayas, sont mélangés à d'autres peuples, et sont largement acculturés. Il ne resterait que 330 000 Mayas authentiques, surtout au Yucatan.
La société maya était divisée en classes, la noblesse étant la classe dirigeante (état, religieux, armée), elle possède les terres. Les paysans représentant la classe qui supportaient toutes les autres, nobles, prêtres, militaires commerçants, On trouve aussi chez les mayas des prisonniers de guerre réduit en esclavage. C'est à l'époque classique que les Mayas contrôleront le plus de territoires. A l'époque espagnole chacune de leurs villes est gouvernée par un chef héritier.