Poème d'amour kanak drehu
Thulu
Qëmekei eö ngöne lai thulu,
Eje hi lai loi poème i eni ka hmingöming,
Ngo lolojë ej ha patr,
Hawe ejei hë lai : eni a hnimi eö !!

Une autre version
Ame lo qamek i munë goné i thulu
Ejelaï lo i poeme i eni ka hmigemig
Gno lolojë gazo ko la tro
Ejelaï eni a hnim i eö

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La langue de Lifou
Ce poème d'amour kanak drehu (alternatives : lifou, dehu, de'u, lifu, qene drehu, lifouan), est une traduction du poème français "la glace".
C'est en Nouvelle-Calédonie, que se trouve, la plus importante variété linguistique, de l'Outre-mer français.
Il y a une quarantaine de langues et dialectes kanak, parlées par les populations autochtones de l’archipel calédonien. Le drehu est l'une d'elle, et fait partie, du sous-groupe océanien de la famille des langues austronésiennes.
Le plurilinguisme précolonial, à vite fait place à une volontée, d'uniformisation, dans le souci d'une meilleure administration, et très tôt les Français ont interdit l'usage des langues indigènes. Il faudra attendre 1970 avec la création d'une division concernant les langues vernaculaires au CTRDP, pour que les choses commencent à changer.
Parallèlement, comme dans d'autres pays, les missionnaires, pour évangéliser, sélectionnaient, une langue au détriment des autres (le drehu fera partie de cette sélection), créant ainsi une sorte de hiérarchie, qui n'avait pas lieu d'être ... une autre hiérarchisation, avec le français, la langue de l'enseignement, ira dans le même sens!
Les conséquences linguistiques, de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, sont les suivantes : disparition totale, ou presque totale de certaines langues.
Du fait de la concurrence avec le français, et déjà du petit nombre de locuteurs, comme les autres langues kanak, le drehu est une langue en danger, en terme d'usage au quotidien.
Les premières investigations documentées sur cette langue, remontent au milieu du XIXe siècle, depuis le drehu a été bien étudié. L’Académie des langues kanak (ALK), s'étant donné comme charge, d'investiguer et d'archiver toute la richesse de ce patrimoine culturel, pour au moins pouvoir le préserver. Des pans importants de la tradition orale, sont maintenant conservés.
Grace à l'accord de Nouméa (05/05/1998), le drehu est reconnu, comme une langue d'enseignement. Pour l'instant, rien n'est très officiel pour le second degré, mais l’université de Nouvelle-Calédonie, comme d'ailleurs l'İNALCO en France, dispensent un enseignement.
Le drehu est une Langue kanak (canaque) parlée, à Lifou et Tiga (archipel des îles Loyauté), ainsi que sur la Grande Terre et en ville. La plupart des habitants de Lifou, non seulement parlent le drehu, mais sont aussi capable de le lire et l'écrire.
Cette langue de Lifou, une des îles Loyautés, est la langue des chefs. C'est une langue austronésienne, parlée par 16 000 personnes, et l'une des langues kanak, ayant un statut de langue régionale.
Le drehu possède trois registres de langue : le ijiji (drehu de tous les jours), le metrötr (langage respectueux) employé avec les plus âgés, le ihnim (langage affectueux) employé par exemple à l'inverse, avec les enfants.
Il existe un genre poétique, chez les Canaques en général, il s'agit du ténô, un poème historique, de huit pieds (octosyllabe).
C'est finalement, l'alphabet latin étendu, qu'utilisaient les missionnaires, qui a été retenu pour écrire les langues kanaks et le drehu.
Proverbe en drehu : The tune kö, lo jö ne Joea. Laka kola pane cinajöne e cili trön, nge pine pë hë e Joea. Kola qaja koi ö thupëtresiji ka hape, pane inine jë la qene hlapa i ö me qene nöje i ö, qëmekene troa qaja la itre xa qene hlapa me melëne la itre xa qene nöje qa cailo.
Ne soyez pas comme le soleil de Joea. Il éclaire tout d'abord les alentours de ce lieu (Joea), avant le cœur de celui-ci. Moralité : Maîtrise d'abord ta langue et ta culture avant celles des autres! (Taidro Taine, ALK 2013).
Elle et son histoire
Le drehu est la langue qu'elle parle, et mes vers, brillent de tout le miroir, du soleil et de l'océan qui les entourent.
S'ils la reflète, elle n'a jamais réussi à parler la langue de la gente masculine, d'ailleurs, serait-ce envisageable d'y arriver un jour?
Un peu d'histoire : 1774, James Cook et les Anglais, 14 ans avant Lapérouse (La Boussole et L'Astrolabe), sont les premiers à mettre le pied en Nouvelle-Calédonie.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, des populations mélanésiennes, dont les Kanaks, seront déportées, souvent assez loin, pour travailler, dans des plantations de canne à sucre. Les maladies apportées par les européens, ajoutées aux déplacements, décimeront en un siècle, près des ¾ de la population autochtone.
Dans cette seconde moitié du XIXe siècle, la France utilise la Nouvelle-Calédonie comme une colonie pénitentiaire de peuplement, pour y déporter des prisonniers. Bon nombre, se verront offrir des terres, pour s'y installer ... alors que du coté Kanak, dépossédés de leur terre, ils seront parqués dans des réserves, et deviendront minoritaires en nombre, car à cette même période, l'on commence à exploiter le nickel qui vient d'être découvert, avec un afflux de nouvelles populations pour exploiter les mines.
Dans une première vague viendront : des Japonais, des Indiens, des Vanuatu, des Javanais et des Tonkinois, et puis plus tard, des Antillais, Réunionnais et rapatriés d'Algérie.